Posté le 11 février 2012 - par hwawi
Intempéries : des dizaines de villages coupés du reste du monde
« On n’a plus rien. Ni légumes, ni gaz butane, ni gasoil, ni électricité. Nous sommes complètement isolés par la neige qui a dépassé par endroit deux mètres de hauteur. Nos provisions en légumes secs et en semoule s’épuisent au fil des jours. On est pas loin d’une rupture totale de stocks », nous a confié un habitant d’un village de la commune d’Illilten, près du Col de Tirourda, dans le département de Tizi Ouzou, à 100 km à l’est d’Alger (Kabylie).
Des dizaines de villages sont dans la même situation. En Kabylie mais aussi dans toutes les régions montagneuses d’Algérie. A Constantine, troisième ville du pays, des toits et des murs d’au moins une dizaine de maison se sont effondrés ce 11 février 201. Le même jour à Mila et M’sila, dans l’est algérien, l’armée a utilisé des hélicoptères pour approvisionner en produits alimentaires des villages isolées par la neige. Partout, les chasses neige et les engins de travaux publics n’arrivent pas dégager les routes. Les autorités locales (municipalités) sont dépassées.
Le gros problème demeure le manque cruel de gaz butane, car ces régions ne sont pas desservies en gaz de ville. Des camions de transport de bouteilles de gaz butane ont été détournés par des populations en détresse dans plusieurs régions.
Dans la périphérie d’Alger, la capitale, des habitants avaient investis la rue ces derniers jours pour réclamer du gaz butane. La pénurie est vécue partout dans le pays. Les autorités nationales ont réagi, comme à l’accoutumée, avec beaucoup de retard.
Un Conseil des ministres tenu cinq jours après le début des intempéries, alors que des SOS de détresse sont lancés à partir de certaines régions, a zappé le sujet. Le communiqué qui a sanctionné cette réunion du gouvernement ne contenait aucun mot ou allusion à ces intempéries. Loin des yeux, loin du cœur, dit le proverbe.
Des responsables de Naftal, la filiale de la société pétrolière algérienne Sonatrach chargée de la distribution de gaz butane ont multiplié des interventions sur les ondes des radios publiques pour affirmer que le gaz butane existe… dans les dépôts. Des interventions suivies juste après par une publicité invitant les utilisateurs de gaz butane à aérer leurs maisons en cas de fuite de… gaz. Le ridicule ne tue plus.
Des étudiants de l’université de Tizi Ouzou, en Kabylie, l’une des régions les plus affectées par les intempéries, avaient organisé jeudi a sit-in pour fustiger « l’abandon des villages montagneux » par les pouvoirs publics.
La détresse que vivent aujourd’hui des centaines de villages et dédain des autorités centrales risque de se traduire, dans trois mois, par un fort taux d’abstention aux élections législatives du 10 mai prochain.
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